Une fois encore les banlieues françaises sont en feu. Une fois encore nous ne voyons que le malaise français. Et pourtant ce malaise nous est commun et nos sociétés démocratiques en mal de cohésion n’échappent pas au phénomène de délitement social.

Voici ce que j’écrivais en 2007 en épilogue de mon essai politique « le Défi social bruxellois ». 

16 ans plus tard, la situation sur le terrain n’a guère évolué, sinon en pire.

« Lorsque nous calmions les accents de colère et les actes de débordements des quartiers où sévissent des taux préoccupants d’inactivité des jeunes (40 à 60%), souvent nous n’avions vu pour nous rassurer que soubresauts, hoquets de fièvre : les prolongements malheureux des dégâts collatéraux de ce qu’avaient pu vivre les banlieues françaises. Ce faisant, notre vision des choses était biaisée, occultant par le même fait notre capacité de pouvoir entendre les messages de détresse et de désespoir adressés à l’ensemble de la société…

Quand avons-nous noué un dialogue fructueux entre économie et enseignement pour garantir à nos jeunes, au terme de leurs études, une chance réelle d’épanouissement par l’obtention d’une qualification pertinente et d’un emploi durable?…

L’écart grandissant de richesse et de revenus comme l’augmentation de la précarité mais aussi la diminution progressive des revenus moyens sont autant d’indicateurs susceptibles d’influencer défavorablement notre système établi.

Ainsi nous avons assisté impuissants à la montée inexorable du chômage des jeunes non-qualifiés (66%)…

L’état de déshérence que nourrit le désespoir de ces quartiers où se cumulent tous les handicaps marquera négativement des générations entières… »

Didier Gosuin