Attention danger ! La langue placée sous la coupe d’idéologues et au service des délires de l’écriture inclusive.

Avant de fêter tous les saints, célébrons la langue française ! Emmanuel Macron choisit la date du 30 octobre pour inaugurer à Villers-Cotterêts la cité de la Langue Française, musée qui célèbre ses richesses, son histoire. Un clin d’œil complice du monarque républicain à François 1e qui, le 25 août 1539, signa l’ordonnance instaurant le français comme langue officielle du royaume. Elle avait pour ambition de créer une cohésion sociale dans le pays. Et, comme le souligne Amin Maalouf, récemment élu à la tête de l’Académie française, cette ordonnance fut un marqueur national et un facteur de progrès social. « Il faut que la justice soit rendue dans une langue que les gens comprennent. » disait le Roi. Amin Maalouf met en garde : « Quelqu’un à qui on n’apprend pas à se servir efficacement de la langue de son pays, c’est quelqu’un que l’on prive de la capacité d’exercer pleinement ses prérogatives de citoyen. » Emmanuel Macron plaide, justement mais avec inquiétude, pour mettre tout en œuvre pour consolider la cohésion nationale. Les ignorances et les délires de type communautaire en écho à d’autres folies sont une préoccupation.

Quand on ne maîtrise pas sa langue, on choisit des mots impropres de nature à aviver les tensions, à générer et amplifier les querelles. Défendre une identité et sa langue est un impératif. Comme l’avait prophétisé Amin Maalouf, les identités peuvent être meurtrières. On le vit douloureusement aujourd’hui.

Rendre à la langue française ce qui lui appartient et qui fait qu’elle nous appartient… C’est investir dans les apprentissages : mais aussi maîtriser la langue, la vivifier, la rénover si nécessaire. Les écoliers français âgés de neuf-dix ans commettaient une moyenne de 10,7 fautes sur une dictée d’une dizaine de lignes en 1987. Nombre doublé en 2022 ! Du « Pick-up Station » de la Poste au « Health Data Hub » qui collecte les données de santé, le franglais est partout. Ce qui a l’air d’être anglais est privilégié comme un signe de modernité, d’innovation, d’ouverture au monde. Bien sûr, il ne faut pas crier systématiquement au loup et vivre avec des bouchons dans les oreilles, comme d’autres regardent le monde avec des œillères.

Antoinette Spaak, fille du premier secrétaire général de l’ONU, présidait l’assemblée des parlementaires belges francophones. Elle suggéra de remplacer le mot week-end par celui de « dominique » Euphoniquement, c’était plaisant de souhaiter « une joyeuse dominique ». Mais c’était sans doute « Too much » ! Soyons « cool » mais vigilants. Arrêtons le jeu de massacre de l’écriture inclusive si chère au disciples du wokisme dans les universités et chez les féministes agitées sur la grammaire et le genre. Leur doctrine ne s’arrête pas à la féminisation des noms de métiers, aux « iel » , « lecteurice » « celleux », « toustes ». Cela se développe comme une gangrène qui bouscule les règles de syntaxe. Comme dans beaucoup de domaines, la langue ne doit pas devenir un champ de bataille idéologique ! 

« Le Bon usage » était connu de tous les écoliers belges, déclinant avec fierté la nationalité belge de son auteur : Maurice Grévisse. Découvrir la cité de la langue française à Villers-Cotterêts est ce que je souhaite aux amoureux de la langue française.

Un rendez-vous incontournable dans ce coin de Picardie : un musée, un auditorium, un centre de formation, des ateliers-résidence, un libraire, la rencontre d’auteurs et de conférenciers. Le programme est important tout au long de l’année. Les rencontres internationales de la francophonie de 2024, soit 88 chefs d’état et leurs délégations s’y tiendront. Petit souci : il est à espérer que les Belges francophones ne soient plus représentés par un Premier Ministre néerlandophone, comme ce fut le cas avec Jean-Luc Dehaene !

Maurice Peeters, journaliste.