Qui boudera les urnes européennes en juin prochain commettra une faute !
Tergiverser c’est prendre un risque dont chaque citoyen attaché à la démocratie payera cash l’addition. La question ne se pose pas autour du « souverainisme » mais en la déclinaison d’une absolue et nécessaire solidarité des pays européens membres de l’Union.
J’aimerais proclamer en un rire éperdu que la haine est mortelle, que quelqu’un s’apprête à la vaincre.
J’aimerais battre tambour pour annoncer que la lucidité est de retour et qu’elle doit éclairer ici, ailleurs, et partout.
J’aimerais faire écho au chant de ceux qui croient que la mémoire, si poreuse et oublieuse des crimes, réveillera une conscience pleine d’ardeur, ivre de liberté.
Aujourd’hui, demain et partout dans le monde, il faut défier ceux qui ordonnent de marcher au bord d’un gouffre et appellent à s’y tenir effrayés, paniqués dans le mouroir des tranchées.
Les yeux ne savent plus où se poser, s’attendrir. Ils ne savent presque plus qui et quoi aimer. Ils rêvent à un lever du jour où ils n’auront plus à fixer un horizon troué.
Refuser d’être des zombies. Tendre l’oreille à un son cristallin. Dans la paume de la main, pouvoir cueillir l’eau d’un ruisseau purgé de ce que le tonnerre, l’éclair, la foudre ont rendu poisseux.
Les architectes des totalitarismes se recrutent aux quatre coins du monde. Et dans les urnes ils crient au miracle : ils sont plébiscités ! Par qui ? L’aveuglement et la frousse…
Nous sommes les enfants de l’Europe et les héritiers insouciants des dividendes de la paix !
Déjà deux ans déjà qu’un nationalisme pourri et criminel qui a pour guide l’émule des impérialismes russes sacrifie ses enfants et chloroforme son peuple.
L’Ukraine est un repaire de nazis!!! Ne pas s’effrayer: Medvedev c’est le son de cloche d’une cloche. Les plus zélés des boyards assurent même qu’ils ont recensé de nombreux et dangereux nazis à la tête des pays de l’Union Européenne !!!
Volodimir Zelenski qui avait réussi à faire rire les Russes devant leur petit écran avant de devenir leur ennemi juré à la tête de l’Ukraine pourra apprécier le niveau atteint: un délire inégalable. Différence notable : on ne rit plus, on pleure !
Aujourd’hui, les analyses géopolitiques sont des équations aux inconnues multiples. La surenchère dans la rhétorique russe fait monter les enchères !
En matière de credo, je me suis longtemps tenu à l’écart du fédéralisme européen, déçu par les manœuvres ou l’absence d’ambition de ceux qui se sont saisis des leviers pour matérialiser l’Union Européenne. Aujourd’hui, l’Europe et les élections qui y sont liées en juin 2024, ce sont tout sauf un « bazar ». Et il ne faut pas croire que s’en désintéresser ne porterait pas à conséquence. Mobiliser l’électorat est un devoir citoyen doublé d’une farouche détermination à donner sens et cohésion à l’action qui doit être menée collectivement pour sauver ce que Churchill désignait comme le moins mauvais des systèmes : la démocratie.
Petit retour en arrière et clin d’œil utile de l’Histoire : réflexions et mises en garde de Stefan Zweig. Des écrits prémonitoires qui, plus que du désenchantement – Zweig se suicidera – marque une lucidité amère et de la détermination. « lI fallait, écrit- li à la veille de la guerre, se soumettre aux exigences de l’État, accepter d’être la proie, s’adapter aux changements les plus fanatiques… ». Comprendre que Zweig ne radotait pas. lI disait s’adresser à tous ceux qui étaient trimballés, traqués. Il était essentiellement soucieux de faire émerger une ouverture d’esprit critique. lI encourageait à s’inscrire dans une perspective où chacun trouverait raison d’espérer et de partager une confiance tournée vers le meilleur. L’école, l’information rendue accessible au plus grand nombre, préconisait-il, considérant que cela devait s’accompagner de relais opérationnels.
Aujourd’hui le règne des fake-news et des écrans aux messages abrutissants et si peu respectueux de l’opinion d’autrui est bien évidemment un problème; un casse-tête.
Zweig était un lanceur d’alerte; selon l’expression à la mode. Son message n’a pas suffi.
Qu’en sera-t-il demain ? C’est la responsabilité de chacun !
Maurice Peeters
Journaliste politique